J’ai une surdité depuis la naissance, moyennement sévère dans les deux oreilles. J’ai eu mes premiers appareils à 4 ans. Je suis allée à l’école régulière et je n’ai jamais eu de difficulté à me faire des amis. J’avais toutefois de la difficulté à montrer que j’étais différente, je ne voulais pas porter mon système MF en classe pour que les autres élèves ne le voient pas.
Au secondaire, j’ai été placée dans un groupe de 5 élèves sourds, donc j’ai dû apprendre la LSQ. C’est à ce moment que j’ai découvert l’univers des sourds gestuels. J’étais comme dans les deux mondes en même temps, et je crois que d’avoir découvert l’univers des sourds m’a aidée à accepter ma différence et à développer ma confiance en moi. Ensuite, ça a forgé mon parcours professionnel : je suis devenue éducatrice spécialisée et j’ai été amenée à œuvrer auprès de la clientèle vivant avec une surdité. J’ai été chanceuse, car je n’ai jamais vécu de discrimination au niveau de l’emploi…
Un grand changement que j’ai vécu dans ma vie a été de passer de l’appareil auditif à l’implant cochléaire. Lorsqu’on m’a fait cette proposition, j’ai trouvé ça très difficile à prendre, car je trouvais que je n’étais pas rendue là. À ce moment, je n’avais pas beaucoup de modèles, donc j’ai fait beaucoup de recherches pour trouver des personnes à qui me référer. J’ai fini par réussir à rencontrer deux filles qui avaient un implant cochléaire et dont la surdité était similaire à la mienne, puis qui se débrouillaient très bien avec l’implant. Ça m’a aidée à prendre ma décision. Malgré tout, il n’en reste pas moins que ça a été une épreuve de vie très éprouvante pour moi. Je sentais qu’il fallait que je fasse un deuil de ma vie d’avant et que je fasse face à l’inconnu. J’ai été très angoissée avant l’opération et j’ai eu une bonne période de réadaptation à faire. Après coup, je ne regrette aucunement mon choix, car je peux à nouveau entendre la musique, parler au téléphone, entendre des petits sons que je n’entendais plus. Je comprends à présent beaucoup mieux, sans avoir à toujours me référer à la lecture labiale. Il faut dire que mes amis et ma famille m’ont beaucoup supportée durant cette épreuve.
Ce que j’ai vécu m’a fait réaliser aussi que j’aimerais vraiment un jour travailler avec des enfants qui ont un implant cochléaire. J’aimerais pouvoir agir à titre de modèle pour les enfants implantés. D’ailleurs, si je peux leur lancer un petit message : je crois que le fait d’être différent, c’est très « cool ». C’est important d’accepter d’avoir ce petit aspect de nous qui nous différencie des autres et qui nous rend spécial…
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